Monday, September 1, 2014

TOGOTELECOMGATE : S. Bikassam dit avoir versé 986 millions aux Toofan, la justice somme Barabbas et Master Just d’apporter les factures

Entre 100 et 253 milliards de cfa ont été dilapidés dans ce scandale qui s’est soldé par le limogeage du Directeur général de Togotélécom et l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes. En vérifiant de près les factures, la justice tombe sur de mystérieux contrats et des factures impliquant le groupe musical Toofan. Ce dernier rassemble « ses » documents de défense alors que l’enquête continue.

Groupe de musique togolais en vogue, les Toofan ont été cité dans le Togotelecomgate. En effet, depuis quelques années, plusieurs contrats lient les stars de Dr Kodom à la principale société de télécommunication. Des contrats à priori normaux, si ce n’est les chiffres qui diffèrent. Après le départ du directeur général pour « détournements, faux et usages de faux, falsifications d’écritures financières et malversations« , une enquête judiciaire a été ouverte.

C’est ainsi que le juge d’instruction tombe sur des milliers de factures aux montants disproportionnés et parfois, « trente fois plus que le vrai coût». Rapidement, une opération de vérification a été lancée pour «s’assurer de l’authenticité des factures». Elle consiste à demander aux structures bénéficiaires si elles ont ou non reçu la somme indiquée ? Il n’a fallu que quelques jours pour arriver à la conclusion que plus de la moitié des factures sont fausses.

De même que plusieurs contrats dont celui avec le groupe Toofan. En tout, 181 contrats sont suspects de même que quelques milliers de factures. Le pire dans le scandale reste à venir.

Les Toofan sont rentrés d’urgence


Nous sommes au mois de juillet 2014 quand la découverte des fausses factures concernant les Toofan a été faite. Le Groupe, qui, cette année a multiplié des prix internationaux et des concerts géants étaient à Abidjan où il tournait son dernier clip avec D J Arafat, sulfureux célèbre musicien ivoirien.

Dans la foulée de la fin des évalas (luttes traditionnelles en milieux kabyè, nord du Togo), ils ont dû suspendre le tournage pour se rendre à Lomé. Motif : la justice veut qu’ils apportent toutes les preuves de ce qu’ils ont encaissé depuis 4 ans auprès de Togotélécom. Ce que le Groupe est en train de faire pour le moment. « Tout calcul fait, nous avons reçu 62 millions » a confié à Afrikaexpress un membre de l’équipe gestionnaire du groupe. Les Toofan sont repartis ensuite à Abidjan pour finir leur clip qui fait déjà tabac. Mais curieusement, ils ont eux aussi du mal à rassembler toutes les factures.


« Certaines factures ont disparu » nous a confié une source proche du dossier. En général, les marchés entre Togotélécom et Toofan concernent des publicités, leur image étant utilisée tout au long de l’année par la société d’Etat mais aussi des projets spéciaux. C’est le cas de M’fri, produit de togotélécom pour lequel le groupe a fait une tournée musicale dans toutes les régions du Togo.


En général, Togotélécom fait un contrat normal puis dans l’ombre du Directeur général, les contrats sont falsifiés et refaits sans que le partenaire concerné ne soit informé. Résultat, le contrat signé avec une structure tierce ne correspond pas à celui qui se trouve dans les archives de la société. Effet : les montants sont multipliés par deux, quatre ou dix selon les humeurs et besoins du Directeur général. En fouillant certains documents financiers de la société, Afrikaexpress s’est rendu compte que pour certains gros marchés, plusieurs virements sont faits sur plusieurs comptes différents comme si la société bénéficiaire utilise trois ou cinq compte pour le même marché. « Dans ce cas, il y a de faux comptes », rétorque sous le couvert de l’anonymat un collaborateur de Bikassam.


Un délai supplémentaire a été accordé au Toofan qui ont du mal à retrouver toutes les factures mais devraient être prêts dans les tous prochains jours, selon une source digne de foi. « Comment peut-on avoir autant de mal à rassembler les documents financiers d’un si grand groupe si tout est bien géré ? » se demande un soutien de Bikassam. Le Groupe Toofan est managé par Michel Kodom, un médecin proche du régime et président de Aimes-Afrique, une Ong médicale supposée internationale et basé à Lomé. Pendant ces 5 dernières années, il a fait du groupe l’un des plus vénérés de l’Afrique occidentale.

Dans cette affaire qui lui a coûté son poste, Bikassam qui dit «ne rien se reprocher» menace même de tout déballer si on le touche. Plusieurs dizaines de personnes sont arrêtées parmi les cadres de la société et lui-même, principal responsable est toujours en liberté. Le président togolais lui a seulement interdit de quitter le pays pendant le « processus d’assainissement » de la société.

Alors qu’il dit avoir détourné pour le financement des élections législatives de 2013 que le Togo a décidé d’organiser sur fonds propres mais aussi pour le compte de son parti, Unir (Union pour la République) au pouvoir, Faure Gnassingbé a récemment demandé que toute la lumière soit faite. Petit à petit, l’étau se resserre autour de Bikassam qui, il y a deux mois, a fait venir des notables de Pya (son village et village du président de la République) pour demander pardon. Le chef de l’Etat ne les a pas reçus. Sous la pression du postulant du Togo au programme américain Millénium Challenge Account, Faure doit donner des gages de transparence dans la gestion des sociétés d’Etat. Il entend sacrifier quelques voleurs contre 250 à 400 milliards de dollars américains.

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