Entre 100 et 253 milliards de cfa ont été
dilapidés dans ce scandale qui s’est soldé par le limogeage du
Directeur général de Togotélécom et l’arrestation de plusieurs dizaines
de personnes. En vérifiant de près les factures, la justice tombe sur de
mystérieux contrats et des factures impliquant le groupe musical
Toofan. Ce dernier rassemble « ses » documents de défense alors que
l’enquête continue.
Groupe de musique togolais en vogue, les Toofan ont été cité dans le
Togotelecomgate. En effet, depuis quelques années, plusieurs contrats
lient les stars de Dr Kodom à la principale société de
télécommunication. Des contrats à priori normaux, si ce n’est les
chiffres qui diffèrent. Après le départ du directeur général pour «
détournements, faux et usages de faux, falsifications d’écritures
financières et malversations« , une enquête judiciaire a été ouverte.
C’est ainsi que le juge d’instruction tombe sur des milliers de factures
aux montants disproportionnés et parfois, « trente fois plus que le
vrai coût». Rapidement, une opération de vérification a été lancée pour
«s’assurer de l’authenticité des factures». Elle consiste à demander aux
structures bénéficiaires si elles ont ou non reçu la somme indiquée ?
Il n’a fallu que quelques jours pour arriver à la conclusion que plus de
la moitié des factures sont fausses.
De même que plusieurs contrats dont celui avec le groupe Toofan. En
tout, 181 contrats sont suspects de même que quelques milliers de
factures. Le pire dans le scandale reste à venir.
Les Toofan sont rentrés d’urgence
Nous sommes au mois de juillet 2014 quand la découverte des fausses
factures concernant les Toofan a été faite. Le Groupe, qui, cette année a
multiplié des prix internationaux et des concerts géants étaient à
Abidjan où il tournait son dernier clip avec D J Arafat, sulfureux
célèbre musicien ivoirien.
Dans la foulée de la fin des évalas (luttes traditionnelles en milieux
kabyè, nord du Togo), ils ont dû suspendre le tournage pour se rendre à
Lomé. Motif : la justice veut qu’ils apportent toutes les preuves de ce
qu’ils ont encaissé depuis 4 ans auprès de Togotélécom. Ce que le Groupe
est en train de faire pour le moment. « Tout calcul fait, nous avons
reçu 62 millions » a confié à Afrikaexpress un membre de l’équipe
gestionnaire du groupe. Les Toofan sont repartis ensuite à Abidjan pour
finir leur clip qui fait déjà tabac. Mais curieusement, ils ont eux
aussi du mal à rassembler toutes les factures.
« Certaines factures ont disparu » nous a confié une source proche du
dossier. En général, les marchés entre Togotélécom et Toofan concernent
des publicités, leur image étant utilisée tout au long de l’année par la
société d’Etat mais aussi des projets spéciaux. C’est le cas de M’fri,
produit de togotélécom pour lequel le groupe a fait une tournée musicale
dans toutes les régions du Togo.
En général, Togotélécom fait un contrat normal puis dans l’ombre du
Directeur général, les contrats sont falsifiés et refaits sans que le
partenaire concerné ne soit informé. Résultat, le contrat signé avec une
structure tierce ne correspond pas à celui qui se trouve dans les
archives de la société. Effet : les montants sont multipliés par deux,
quatre ou dix selon les humeurs et besoins du Directeur général. En
fouillant certains documents financiers de la société, Afrikaexpress
s’est rendu compte que pour certains gros marchés, plusieurs virements
sont faits sur plusieurs comptes différents comme si la société
bénéficiaire utilise trois ou cinq compte pour le même marché. « Dans ce
cas, il y a de faux comptes », rétorque sous le couvert de l’anonymat
un collaborateur de Bikassam.
Un délai supplémentaire a été accordé au Toofan qui ont du mal à
retrouver toutes les factures mais devraient être prêts dans les tous
prochains jours, selon une source digne de foi. « Comment peut-on avoir
autant de mal à rassembler les documents financiers d’un si grand groupe
si tout est bien géré ? » se demande un soutien de Bikassam. Le Groupe
Toofan est managé par Michel Kodom, un médecin proche du régime et
président de Aimes-Afrique, une Ong médicale supposée internationale et
basé à Lomé. Pendant ces 5 dernières années, il a fait du groupe l’un
des plus vénérés de l’Afrique occidentale.
Dans cette affaire qui lui a coûté son poste, Bikassam qui dit «ne rien
se reprocher» menace même de tout déballer si on le touche. Plusieurs
dizaines de personnes sont arrêtées parmi les cadres de la société et
lui-même, principal responsable est toujours en liberté. Le président
togolais lui a seulement interdit de quitter le pays pendant le «
processus d’assainissement » de la société.
Alors qu’il dit avoir détourné pour le financement des élections
législatives de 2013 que le Togo a décidé d’organiser sur fonds propres
mais aussi pour le compte de son parti, Unir (Union pour la République)
au pouvoir, Faure Gnassingbé a récemment demandé que toute la lumière
soit faite. Petit à petit, l’étau se resserre autour de Bikassam qui, il
y a deux mois, a fait venir des notables de Pya (son village et village
du président de la République) pour demander pardon. Le chef de l’Etat
ne les a pas reçus. Sous la pression du postulant du Togo au programme
américain Millénium Challenge Account, Faure doit donner des gages de
transparence dans la gestion des sociétés d’Etat. Il entend sacrifier
quelques voleurs contre 250 à 400 milliards de dollars américains.
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